Dans le document qui nous est remis pour expliquer les évolutions de la carte des formations, la région rappelle la « perspective d’une baisse de 15 % », du nombre de lycéen.nes à horizon 2040 ». Ce constat est à peine nuancé par le rappel que la voie professionnelle bénéfice ces dernières années d’une dynamique favorable. Il est pourtant utile de rappeler quelques données chiffrées : +202 en 2023, +647 en 2024, +216 en 2025. L’augmentation du nombre d’élèves dans les lycées professionnels publics a été importante. Malheureusement cette progression s’est faite sans amélioration de l’offre de formation, le dogme « une fermeture pour chaque ouverture » s’étant révélé comme la seule boussole dans les prises de décisions.
Rappelons que cette hausse serait beaucoup plus importante si l’ensemble des demandes des élèves aboutissait. Les élèves de CAP ont théoriquement le droit de poursuivre leur parcours de formation en première Bac Pro, mais cela se révèle extrêmement difficile faute de places. Ainsi, le taux de satisfaction pour avoir une place en 1re BAC Pro n’est que de 59,3 % au niveau régional et il tombe à 43,8 % dans le 35, département où l’excuse d’une éventuelle baisse démographique pour ne pas ouvrir de formation n’est absolument pas tenable. Le taux de satisfaction de réorientation suite à une seconde GT vers la voie professionnelle est également bas, moins de 60 % pour la région et seulement 36 % pour l’Ille et Vilaine.
(…) Sur la méthode, nous avions entendu que les fermetures de section seraient discutées avec les établissements concernés. Pourtant, la fermeture du BTS Support à l’action managériale du lycée Bréquigny a été annoncé, sans discussion préalable (…). Concernant la fermeture du Bac Pro Technicien Géomètre Topographe à Brest, le chef d’établissement a été mis devant le fait accompli (…). Pour le Bac Pro AGORA de Lamballe, ce n’est même qu’après la tenue du CREFOP que les enseignants ont été informés. Aucun des conseils d’administration de ces établissements n’ayant pu se tenir entre l’annonce aux proviseurs et la tenue du CREFOP, c’est dans la presse que les parents d’élèves auront pris connaissance des décisions de fermetures. La FSU tient à rappeler que pour que la communauté éducative ait confiance dans les institutions, il est important qu’il y ait un dialogue.Sur le fond, ces décisions sont totalement incompréhensibles. Où trouver la logique démographique dans la fermeture du BTS du lycée Bréquigny, alors que 35 élèves y sont inscrit.es pour une capacité de 30 ? Pourtant en juin 2025 le nombre de demande de poursuite d’études pour les bacheliers professionnels vers le BTS a augmenté de 10 % en Bretagne.
Comment peut-on prétendre qu’il y ait eu une concertation avec les milieux professionnels alors que le Conseil régional de l’Ordre des Géomètres-Experts, a écrit son opposition à la fermeture du Bac Pro Technicien Géomètre Topographe du lycée Dupuy de Lôme de Brest ? Il n’est sans doute pas inutile de préciser que ce Bac Pro a fait le plein d’effectif cette année.
Comment comprendre la logique d’aménagement du territoire lorsque l’on ferme un Bac Pro à Lamballe sans rien ouvrir dans ce lycée alors que 19 élèves étaient inscrit.es pour seulement 18 places ? Ici la logique de transformation décrite dans le document présenté se traduit par une fermeture sèche, sans aucune perspective (…).
Et cela nous amène à un autre point de désaccord profond pour la FSU avec l’évolution de la carte des formations professionnelles initiales sous statut scolaire qui est proposée pour les années à venir. Il est écrit qu’il faut « tendre vers la construction d’une offre de formation articulée avec celle des établissements privés sous contrat ». Comme le rappelle la cour des comptes dans son rapport, il y a concurrence et non pas complémentarité entre les deux réseaux scolaires. Nul doute qu’avec la baisse de la démographie lycéenne cette concurrence sera exacerbée. Mais à l’heure où l’enseignement catholique dans son « pacte éducatif régional pour la Bretagne » cite la bible et s’engage « à penser et faire évoluer la carte des formations en fonction de son projet chrétien » (…), la FSU tient à rappeler que la république française est une république laïque et que tous les jeunes ont le droit de suivre la formation de leur choix sans se voir imposer un projet religieux. (…)
L’année dernière, pour conclure son intervention la FSU émettait le vœu que dans les années à venir, les pouvoirs publics se décident enfin à investir dans la voie professionnelle sous statut scolaire. Visiblement cela reste un vœu pieux.
