La vérité sur la perte de notre pouvoir d’achat

La politique de gel de la valeur du point d’indice poursuivie presque sans interruption depuis plus de 10 ans a fait nettement décrocher le salaire des PLP et CPE. Celui-ci serait de presque 20 % supérieur aujourd’hui s’il avait suivi l’inflation depuis 20 ans. Le manque à gagner est important en bas de la fiche de paie. Ce constat fait, le SNUEP-FSU porte des mandats pour combler le retard et lutter contre les inégalités salariales que subissent les femmes.

8 127 € net au 01/09/2021

C’est le manque à gagner depuis le 1er septembre 2016 pour un·e PLP-cpe au 5e échelon classe normale à partir du 1er septembre 2021, si la valeur du point d’indice avait suivi l’inflation.
Pour rattraper, il faudrait un versement exceptionnel nécessaire correspondant à 181 points d’indice annuel
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14 430 € net au 01/09/2021

C’est le manque à gagner depuis le 1er septembre 2010 pour un·e PLP-CPE au 7e échelon classe normale depuis 6 mois (stagiaire en 2010-2011), si la valeur du point d’indice avait suivi l’inflation.
Pour rattraper, il faudrait un versement exceptionnel correspondantà 316 points d’indice annuel.

21 707 € net au 01/09/2021

C’est le manque à gagner depuis le 1er septembre 2010 pour un·e PLP-CPE au 7e échelon hors classe (4eéchelon hors classe au 1er mars 2009), si la valeur du point d’indice avait suivi l’inflation.
Pour rattraper, il faudrait un versement exceptionnel correspondant à 483 points d’indice annuel.

Un manque à gagner qui se creuse

Fin 2019, le projet de réforme des retraites par points, qui aurait entraîné une baisse moyenne de 600 euros mensuels de pension, a mis un coup de projecteur sur la faiblesse des salaires des enseignant·es et CPE par rapport aux autres cadres.
Le décrochage par rapport aux autres pays proches membres de l’OCDE n’est plus à démontrer (cf. Actu’ n° 123). Il s’explique en grande partie par le blocage du point d’indice depuis 2010, exception faite des +1,2 % en 2016-2017. Si la valeur du point d’indice avait suivi l’inflation depuis cette année-là, les traitements bruts mensuels seraient en moyenne supérieurs de 295 € aujourd’hui soit 234 € net : de 147 € au 1er échelon à 312 € au 4e échelon de la classe exceptionnelle. En regardant sur les vingt dernières années, le manque à gagner mensuel s’élève à 443 € net : de 277 € à 590 €. En effet, dans les années 2000 la valeur du point d’indice a toujours progressé moins rapidement que l’inflation. Les PLP et CPE non-titulaires sont aussi concerné·es et dans les mêmes ordres de grandeur selon leur indice de rémunération.

Des primes loin du compte et des missions en plus

Le ministre Blanquer a lancé la prime d’attractivité en mai dernier pour, selon ses propos, commencer à rattraper ce décrochage et attirer justement de nouveaux personnels. Aujourd’hui, moins d’un tiers des enseignant·es sont concerné·es puis en février prochain près de 6 sur 10. Mais les montants ne permettront pas de combler la perte de pouvoir d’achat comparativement au début des années 2000 : en début de carrière, il manque au moins 157 € net mensuels.
Aussi, la dégressivité de la prime selon l’échelon entraîne un lissage des salaires synonyme de forte stagnation pour les neuf premiers échelons, soit les vingt premières années de carrière en l’absence de reprise d’une éventuelle expérience professionnelle antérieure.
En plus des heures supplémentaires, la solution du ministre consiste à proposer d’exercer des missions supplémentaires. Par exemple, être chargé·e de mission d’inspection (cf. Actu’ n° 123 p. 10) mais avec une indemnité plus de deux fois moindre que celle des IEN.

Vers une aggravation ?

La reprise de l’activité économique ces derniers mois a pour conséquence une hausse importante de l’inflation (+2,6 % sur un an en octobre 2021). Cette dernière est estimée à 2 % en 2022 par le Haut Conseil des finances publiques. Le gouvernement a augmenté le SMIC et, pour s’éviter un nouveau mouvement du type des Gilets jaunes à quelques mois des élections, a vite sorti son indemnité de 100 euros.

Côté salaire, faisant fi du contexte, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques ne veut pas entendre parler de mesures immédiates à prendre comme le dégel de la valeur du point d’indice. Les thématiques de réflexion qu’elle propose comme l’attractivité ou les carrières ne sont pas nouvelles et se heurtent toujours à des blocages budgétaires. Bizarrement, ces contraintes disparaissent quand il s’agit de subventionner les entreprises via les primes de recrutement d’apprenti·es ou quand il s’agit d’augmenter les hauts fonctionnaires.

Revaloriser l’enseignement professionnel public passe aussi par la revalorisation de ses personnels. Cela, la ministre l’a volontairement évacué malgré l’accroissement des difficultés de recrutement (PLP, AED, AESH…). En définitive, ce sont les élèves qui en pâtissent.